
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous permettons aux enfants qui ne sont pas baptisés de prendre la Sainte-Cène ? Est-ce simplement pour éviter les inévitables plaintes et disputes lorsqu’ils veulent un morceau de pain ? N’est-ce qu’une manière de rendre l’ordonnance plus simple à gérer et de s’assurer la tranquillité ?
Je ne pense pas. Je crois qu’il y a des raisons plus profondes. J’en suis persuadé, car je crois que quand Jésus-Christ dit « tous », il veut réellement dire tout le monde. Et lorsqu’il s’adresse à une multitude, il n’exclut personne.
Quand le Christ ressuscité a institué la Sainte-Cène auprès de son peuple dans l’Amérique ancienne, il a insisté sur son importance pour les personnes baptisées1. Pourtant, il a ordonné à ses disciples de « donner [la Sainte-Cène] à la multitude2 ». Cette multitude comprenait des « petits enfants3 ».
De nos jours, quand les détenteurs de la prêtrise prononcent les prières de Sainte-Cène, ils implorent notre Père céleste de bénir et sanctifier le pain et l’eau « pour l’âme de tous ceux qui y en prennent4 ». Tous. Tous ceux qui en prennent, y compris les tout-petits.
Si, en prenant le pain et l’eau, les enfants reçoivent ces emblèmes comme une bénédiction pour leur âme pure, il doit y avoir un moyen de leur faire comprendre l’importance de cette ordonnance.
Avec cela à l’esprit, je me remémore l’époque où mes enfants étaient petits. Mon épouse et moi avons plutôt bien réussi à les garder calmes pendant la Sainte-Cène. Je crois qu’ils percevaient l’importance que nous accordions à la Sainte-Cène. Mais nous aurions pu faire davantage pour leur montrer qu’elle était aussi importante pour eux.
Qu’aurions-nous pu faire ? Nous aurions pu nous rappeler que les petits enfants sont capables de tenir les promesses énoncées dans les prières de Sainte-Cène. Ils comprennent, à leur niveau, mais avec une grande force, la signification de « toujours se souvenir » de Jésus. Ils peuvent promettre de « garder ses commandements ». Ils peuvent même montrer qu’ils sont « disposés à prendre sur eux le nom » du Christ, sachant qu’ils auront bientôt ce privilège lorsqu’ils seront baptisés et confirmés5.
Mais qu’en est-il du renouvellement des alliances ? Les dirigeants de l’Église ont enseigné que lorsque nous prenons la Sainte-Cène, nous renouvelons toutes les alliances que nous avons faites avec le Seigneur6. Les tout-petits n’ont encore conclu aucune alliance à renouveler.
Je pense de nouveau à l’époque où nos enfants étaient petits. Nous ne pouvions pas les aider à se remémorer des alliances passées, mais nous aurions pu les aider à se préparer pour celles à venir. Je m’imagine avec mon jeune fils ou ma fille un dimanche matin :
Je lui dis : « Quand tu auras huit ans, tu seras baptisé et tu recevras le don du Saint-Esprit. Tu feras une alliance. L’alliance que tu feras à ce moment-là ressemblera aux promesses que tu fais maintenant lorsque tu prends la Sainte-Cène.
« En prenant la Sainte-Cène aujourd’hui, je renouvellerai l’alliance que j’ai faite lors de mon baptême, comme si je refaisais ces promesses. Tu seras là avec moi, mais toi, tu ne renouvelleras pas d’alliance. Tu n’en as pas encore fait. En revanche, tu peux t’entraîner à faire une alliance. Chaque fois que tu prends la Sainte-Cène, tu te prépares à être baptisé et confirmé. Ainsi, tu seras prêt lorsque tu auras huit ans. »
Si cela vous semble étrange d’utiliser le mot « s’entraîner » dans ce contexte, prenons cet exemple : Dans un esprit de recueillement, un père peut aider son enfant à se préparer au baptême en lui montrant comment ils se tiendront ensemble dans l’eau et en lui lisant les paroles de la prière du baptême. Il n’accomplit pas l’ordonnance dans ce cadre-là. En quelque sorte, il permet à son enfant de s’entraîner. De cette manière, l’enfant ne sera pas inquiet en pensant au moment où ils descendront dans les eaux du baptême, car il saura comment les choses se passent. Je crois que les mères et les pères peuvent également aider les enfants à s’exercer à contracter et à respecter l’alliance du baptême. Chaque réunion de Sainte-Cène peut être un moment sacré d’apprentissage pour les tout-petits tandis qu’ils prennent les emblèmes de l’expiation du Sauveur.
Ainsi, je reviens à ma question de départ. Pourquoi permettons-nous aux enfants qui ne sont pas encore baptisés de prendre la Sainte-Cène ? Est-ce simplement pour « avoir la paix » ? Bien sûr que non. Nous aidons nos petits à prendre la Sainte-Cène afin qu’ils se souviennent de leur Sauveur et qu’ils conservent sa paix, une paix que le monde ne peut offrir7. Nous les aidons à se préparer à recevoir cette paix en abondance, lorsqu’ils feront et respecteront des alliances avec lui.
Notes de bas de page
1. Voir 3 Néphi 18:5,11.
2. 3 Néphi 18:4 ; italiques ajoutés.
3. Voir 3 Néphi 17:21-25 ; 18:1-4.
4. Doctrine et Alliances 20:77, 79 ; italiques ajoutés.
5. Doctrine et Alliances 20:77.
6. Voir L. Tom Perry « Alors que nous prenons la Sainte-Cène », Le Liahona, mai 2006, p.41.
7. Voir Jean 14:27.